Les autorités chinoises ne tolèrent pas la dissidence dans le pays et ne lésinent pas sur les moyens pour faire taire ceux qui critiquent le régime à l’étranger. Hua Yong, un dissident chinois réfugié au Canada, mort dans circonstances mystérieuses, était la cible d'une opération d'espionnage orchestrée par les services secrets chinois. L’émission Enquête présente le reportage Dans la mire de Pékin, du journaliste Gaétan Pouliot et du réalisateur Benoît Giasson, qui révèle les confessions d’un ex-espion chinois au coeur de cette opération. Marie-Maude Denis le présente à Enquête, diffusée à Radio-Canada, le jeudi 4 décembre 2025, à 21 h sur ICI TÉLÉ et ICI TOU.TV.
Radio-Canada a obtenu un accès exceptionnel à des milliers de messages échangés pendant des années entre un espion chinois et ses supérieurs, notamment grâce au Consortium international des journalistes d‘enquête dont elle fait partie.
Gaétan Pouliot s’est rendu en Australie, où il a rencontré un ex-espion chinois qui a mis un terme à 15 ans d’activités en s’exilant. Il raconte qu’il était un dissident à l’origine et qu'il s'est fait espion pour éviter la prison. Il évoque diverses missions, dont l'infiltration d’un groupe tibétain en Inde qui lui a permis de rencontrer le dalaï-lama, comment il a obtenu le concours d’une multinationale cambodgienne pour tenter de piéger un dissident diffusant des caricatures satiriques, et sa filature du dissident notoire Hua Yong en Thaïlande et au Canada. Il n’ignore pas que sa vie est menacée.
C’est ainsi qu’on a pu reconstituer le parcours du peintre Hua Yong, un farouche opposant au régime, de ses activités en Chine à sa mort mystérieuse au large de Vancouver en passant par la Thaïlande.
Les réseaux sociaux étaient l’arme de prédilection de Hua Yong, qui, sur la place Tiananmen, a peint de son sang la date du 4 juin sur son front pour rappeler la date fatidique du massacre de 1989. On le voit aussi dénoncer la démolition d’immeubles d’un quartier pauvre de Pékin, deux gestes qui lui ont valu la prison. Exilé en Thaïlande en 2019, il entre en contact avec un prétendu dissident qui est en fait un espion travaillant sous le pseudonyme d'Eric. Hua Yong fuit au Canada en 2021, d’abord à Halifax, puis à Toronto et à Vancouver. Il continue de diffuser des messages très critiques sur les réseaux sociaux, mais Eric demeure sur sa trace. Hua Yong avait une passion pour le kayak et peu d'argent, deux facteurs qui ont peut-être joué un rôle dans sa mort, toujours sous enquête du coroner après trois ans, même si la GRC n’a pas trouvé de preuve qu’il s’agit d’un assassinat.
Au Québec, Enquête a rencontré une dissidente qui, contrairement à Hua Yong, évite tout contact avec sa communauté, jugeant qu’elle ne peut faire confiance à personne sauf à sa mère. Son expérience nous fait découvrir différents moyens utilisés par le pouvoir chinois pour faire taire les critiques provenant de l’étranger. Ainsi, elle nous montre une photo d’elle nue, créée par l’intelligence artificielle, et d’autres publications mensongères circulant sur le Web dans le but de l’intimider.
Précisons enfin que l’ambassade de Chine au Canada a refusé d’accorder une entrevue à Enquête pour donner son point de vue sur les allégations contenues dans ce reportage.
Dans la mire de Pékin, un accès sans précédent aux opérations d’espionnage de la Chine à l’étranger et au Canada, à Enquête, le jeudi 4 décembre 2025 à 21 h, ainsi que samedi et lundi à 13 h sur ICI TÉLÉ et ICI TOU.TV, et samedi à 18 h 30 sur ICI RDI.
Animatrice : Marie-Maude Denis
Journaliste : Gaétan Pouliot
Réalisation : Benoît Giasson
Réalisatrice-coordonnatrice : Sophie Lambert
Rédacteur en chef : Alain Abel