Le taux de renouvellement des générations en agriculture est en chute libre au Québec, c'est-à-dire que le nombre d'agriculteurs de moins de 35 ans est moindre que celui des plus de 55 ans. Pour nous aider à comprendre pourquoi il est si difficile pour les jeunes de reprendre le flambeau, la journaliste Julie Vaillancourt et le réalisateur Mathieu Quintal ont suivi cinq jeunes diplômés en agriculture sur une période d’un an et demi depuis leur graduation.Qu’en est-il de leurs aspirations professionnelles et de leurs réalisations? Radio-Canada diffuse le reportage Relève agricole : un chemin semé d’embûches, présenté en deux parties par Catherine Mercier à La semaine verte, les samedis 22 et 29 novembre à 17 h sur ICI TÉLÉ et ICI TOU.TV, à 19 h sur ICI EXPLORA, dimanche à 12 h 30 sur ICI TÉLÉ et à 21 h 30 sur ICI RDI.
La situation pourrait atteindre un point critique dans un proche avenir. En 1991, le taux de renouvellement des générations était de 112 %, c'est-à-dire 1,12 agriculteur de moins de 35 ans pour 1 agriculteur de plus de 55 ans, il est aujourd'hui de 30 %, ce qui signifie que seulement 1 agriculteur sur 3 est remplacé.
Cet abandon de la terre des jeunes générations est un phénomène répandu dans tous les pays industrialisés où l’on parle maintenant du « problème du nouveau fermier », en référence aux difficultés financières que doivent affronter les jeunes qui entrent dans la profession : coût exorbitant des terres, des intrants, endettement accru et baisses des profits.
« D'ici 10 ans, on parle de près de 50 % des producteurs agricoles actuellement actifs qui vont être rendus à l'âge de prendre leur retraite. Dix ans, ça arrive vite. Si on perd toutes ces entreprises, on perd une diversité agricole, on perd une diversité d'aliments », explique Marilou Ethier, chercheure au Département d'économie agroalimentaire et des sciences de la consommation de l’Université Laval.
« L'agriculture, ce n'est pas juste la production agricole, ça répond aussi à d'autres fonctions. Comment occupe-t-on nos territoires? Ici, au Québec, on a de super beaux territoires agricoles. On va se promener en région, on est fiers de notre agriculture, on est fiers des paysages qu'on y voit. Mais si on veut conserver ça, il nous faut beaucoup de producteurs agricoles actifs », ajoute-t-elle.
Les cinq jeunes que nous suivons dans ce grand reportage en deux épisodes présentent des parcours contrastés :
Samuel Breton Lord, 32 ans, reprend la terre familiale de son grand-père laissée en friche à Ste-Cécile-de-Lévrard, dans le Centre-du-Québec, avec son associé Maxime Bélisle, 24 ans, qui a étudié en gestion de commerce avant de se consacrer au maraîchage. Alicia Patry, 21 ans, se destine à prendre la relève de la ferme familiale. Mathis Laplante, 21 ans, est appelé à reprendre la ferme porcine de ses parents à Saint-Nazaire-d’Acton en Montérégie-Est. Megan Ferland, 22 ans, rêve d’être à la tête d’une entreprise bovine bien qu’elle n’ait encore “pas de ferme, pas de terrain, pas d’animaux”.
Dans le premier épisode, Samuel, Maxime et Mathis travaillent à temps partiel à l’extérieur de la ferme en plus de leur travail à temps plein en agriculture, ce qui est le lot de plus de la moitié des jeunes de la relève agricole. Alicia et Mathis rencontrent chacun de leur côté des fiscalistes ou des comptables en compagnie de leurs parents afin de préparer la succession de la ferme familiale. Leurs parents leur font un important don. Mathis met à l’épreuve son espagnol lorsqu’il accueille son premier travailleur d'origine étrangère. Megan se familiarise avec les méthodes d’élevage de bœuf nourri à l’herbe à la ferme où elle travaille en attendant que les démarches de ses parents pour en acquérir une portent fruit. Samuel et Maxime tentent de vendre des paniers de légumes d’avance à des entreprises de la région pour la saison 2025.
Dans le deuxième épisode, Samuel et Maxime peinent à vendre le nombre de paniers nécessaires à la rentabilité de leur entreprise. Ils multiplient le démarchage, mais se butent à une cruelle constatation : les entreprises visées sont frappées de plein fouet par la guerre tarifaire avec les États-Unis. Ils hésitent à engager des dépenses supplémentaires. Megan craque alors que les institutions financières refusent de prêter de l’argent à sa famille en vue d’acquérir une ferme. La paperasse administrative est en voie d’épuiser la patience de sa mère. Alicia est à la croisée des chemins : elle peut devenir enseignante ou elle prend comme prévu la relève de la ferme familiale. La décision risque d’être douloureuse. Marilou Ethier, chercheure au Département d'économie agroalimentaire et des sciences de la consommation de l’Université Laval conclut ce deuxième épisode en mettant en perspective les parcours des jeunes que nous avons partagé tout au long du reportage.
Relève agricole : un chemin semé d’embûches nous fait prendre conscience de manière très concrète des défis de la relève en agriculture. Un grand reportage révélateur à voir les samedis 22 et 29 novembre à 17 h sur ICI TÉLÉ et ICI TOU.TV, et à 19 h sur ICI EXPLORA. L’émission La semaine verte est également diffusée les dimanches à 12 h 30 sur ICI TÉLÉ et à 21 h 30 sur ICI RDI.
Journaliste : Julie Vaillancourt
Réalisateur : Mathieu Quintal
Animatrice : Catherine Mercier
Rédactrice en chef : Johanne Lapierre