L’utilisation de divers cosmétiques est-elle sans risque pour la santé? Telle est la question que posent Sylvie Fournier et Gil Shochat dans un reportage qui soulève des enjeux touchant particulièrement les femmes. Il est diffusé à Enquête, demain le jeudi 13 février 2025 à 21 h sur ICI TÉLÉ.
Pour Sébastien Sauvé, professeur en chimie environnementale à l’Université de Montréal, il ne fait aucun doute que les PFAS, des composés potentiellement cancérigènes, se retrouvent à peu près partout, et en particulier dans des cosmétiques dont certains présentent des concentrations préoccupantes.
Amber Hall, chercheuse à l'Université Brown aux États-Unis, a constaté dans des recherches sur des Canadiennes que des femmes enceintes utilisant quotidiennement certains produits de soins corporels présentaient une augmentation de 14 % des taux de PFOA dans le sang et de 17 % dans le lait maternel. Pourtant, le PFOA est une substance interdite au Canada. Pour elle, de tels taux provenant d’une seule source d’exposition sont tout à fait alarmants.
Au Danemark, COOP, l’un des plus importants détaillants du pays avec 2 millions de membres, s’emploie activement à offrir des alternatives sans PFAS à sa clientèle. Ainsi, elle a mis en marché du pop corn pour micro-ondes emballé sans PFAS, sachant que ceux-ci contaminent l’aliment s’ils sont soumis à une haute température et que ce produit est largement destiné aux enfants. COOP a été à l’origine d’une prise de conscience nationale qui a conduit à un resserrement de la réglementation. Le Danemark aimerait que l’ensemble de l’Europe suive son exemple, mais c’est loin d’être gagné.
Les profits engendrés par la production des PFAS se chiffrent par milliards et l’industrie chimique se bat pour limiter les restrictions qu’on voudrait lui imposer. Un consortium de journalistes européens a mis au jour une stratégie concertée de lobbying et de désinformation. L’industrie finance aussi la production de ses propres recherches visant à démontrer que ces contaminants éternels ne menacent pas la santé humaine.
Au Canada, il est obligatoire de divulguer la présence de certains PFAS dans des cosmétiques au ministère de l’Environnement. Deux joueurs importants du marché ont été contraints de retirer et détruire pour des millions de dollars de produits populaires pour avoir omis de le faire. Le ministre de l'Environnement Steven Guilbeault prône une approche globale pour réglementer l’ensemble des PFAS, mais pour le professeur Sauvé, tant au Canada qu’ailleurs dans le monde, on ne prend pas assez vite des mesures qui s’imposent d’urgence.
Beauté = danger? Une question explorée en profondeur à Enquête, demain, le jeudi 13 février 2025 à 21 h et le samedi à 13 h sur ICI TÉLÉ, et le dimanche 16 février à 18 h 30 sur ICI RDI. Les émissions d’Enquête sont offertes en rattrapage sur ICI TOU.TV et sur Radio-Canada.ca/enquete.
Animatrice : Marie-Maude Denis
Journaliste : Sylvie Fournier
Réalisateur : Gil Shochat
Réalisatrice-coordonnatrice : Sophie Lambert
Rédacteur en chef : Alain Abel
